
Fanny Lamothe, à la tête de Cercle Rouge Productions.
Crédits : @DR
Sur les plateaux du cinéma, son nom revient souvent. Productrice exécutive de Why Not Productions et superviseuse musicale de Cercle Rouge Productions, Fanny Lamothe donne corps aux émotions des films en orchestrant le son, la musique et les voix. Originaire du Lot mais longtemps installée à Paris, elle s’est imposée en quelques années avec Cercle Rouge Productions, son studio lotois devenu incontournable.
Lorsqu’elle pousse pour la première fois la porte de Why Not Productions, Fanny Lamothe n’a pas vingt ans. Étudiante sans réseau dans un milieu plutôt fermé, elle doit convaincre pour décrocher deux mois de stage : « On m’a dit non partout, sauf chez Why Not Productions », résume-t‑elle. À l’issue de ses deux mois de stage, elle fait définitivement partie de l’équipe et c’est le début d’une collaboration qui dure depuis près de 25 ans avec la société de Pascal Caucheteux et Grégoire Sorlat. Elle en dirige aujourd’hui la post-production, pour des films signés Jacques Audiard, Maiwenn, Ken Loach, Bruno Podalydès, Cristian Mungiu ou Arnaud Desplechin dont le dernier film, Deux pianos est sorti en salle en octobre.
Une référence de la musique originale de films
Au tournant des années 2000, Fanny Lamothe embarque dans une autre aventure : celle de Cercle Rouge Productions. Le label, fondé par les frères Mike et Fabien Kourtzer, avec le réalisateur Jean-François Richet - à l’origine de la bande originale culte de Ma cité va craquer -, est spécifiquement dédié à toute la partie son du cinéma : montage son, bruitage, mixage. Né au croisement du hip‑hop et du cinéma, Cercle Rouge Productions est très vite reconnu comme une référence de la musique originale de films.
Associée, Fanny Lamothe y est chargée de la supervision musicale. « Mon travail, explique-t-elle, c’est de faire en sorte que la musique et le son racontent une part du film. » À la croisée de la direction artistique et de la production, elle supervise la musique, gère droits, budgets, calendrier et sensibilités. Ce rôle de line producer en fait une interlocutrice clé : elle veille à ce que la musique épouse le récit. Sur le film Haut et fort (Casablanca Beats pour la VO), réalisé par Nabil Ayouch en 2021, où la musique est quasiment le principal personnage du film, sa supervision a influencé la narration jusqu’à en restructurer le rythme.
Un studio unique en Occitanie
En 2020, après des années vécues au rythme trépidant de Paris, la productrice change de tempo et décide de créer un deuxième studio dans le Lot, près de Cahors. Elle tient ainsi une promesse faite à sa grand-mère : s’installer sur les terres de son enfance. Au Montat, village de 1000 habitants, elle achète une grande maison qu’elle transforme en lieu de création : trois étages d’espaces modulables, un auditorium de mixage, une salle de bruitage, un studio d’enregistrement. Peu à peu, la demeure devient le second cœur battant de Cercle Rouge Productions.
« C’est un lieu unique, à la fois studio professionnel et résidence d’artistes ; une grande maison à l’acoustique pensée pour la création, où l’on travaille sérieusement sans jamais sacrifier la chaleur humaine. En leur offrant le temps et l’espace pour déployer leur créativité, nous permettons aux artistes et aux techniciens de vivre différemment la période de post-production. » Bruiteurs, mixeurs, ingénieurs du son œuvrent au millimètre, souvent pour des productions de plusieurs millions d’euros.
Implantation régionale, résonance internationale
Par son expérience et son exigence artistique, Cercle Rouge Productions est aujourd’hui la seule structure d’Occitanie capable de réaliser une post‑production sonore d’un film sans passer par Paris. De nombreux studios ou réalisateurs, comme TAT Productions pour Falcon Express, viennent désormais finaliser leurs projets au Montat.
Sous l’impulsion de Fanny Lamothe, le studio rayonne aussi à l’international. Sélectionné par le ministère de la Culture pour le programme ICC Immersion, Cercle Rouge a représenté l’industrie française en Arabie saoudite puis à Taïwan en 2025.
Entre ancrage local et envol international, Fanny Lamothe ne choisit pas. Fidèle à son intuition, elle prouve qu’il n’est pas tant question d’où l’on vient que de la justesse avec laquelle on écoute le monde. Et si, en travaillant, on croise une biche au fond du jardin, c’est encore mieux.
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