Les brèves

Intelligence artificielle  : l’Occitanie met le turbo 

Dans la course à l’intelligence artificielle (IA), l’Occitanie tire son épingle du jeu avec un écosystème riche. Laboratoires, cluster et entreprises innovantes collaborent main dans la main pour favoriser le déploiement de l’IA sur le territoire. 

L’entreprise montpelliéraine Numalis apporte son expertise en validation de l’IA pour détecter les menaces en zone de guerre

Crédits : ©Numalis

L’Occitanie abrite un cluster dédié à l’IA à Toulouse

« L’Occitanie se positionne comme un acteur clé dans le développement de l’IA en France, avec une expertise notable dans le domaine de l’IA de confiance », révèlent Aktantis et In Extenso Innovation Croissance dans leur observatoire deeptech en Régions Sud et Occitanie. Et pour cause, l’Occitanie, et plus précisément Toulouse, abrite le projet Aniti (Artificial and Natural Intelligence Toulouse Institute), porté par l’Université de Toulouse. Opérationnel depuis janvier 2025, le cluster Aniti se positionne spécifiquement sur le développement de l’IA de confiance. « Il s’agit d’un cluster réunissant plus de 200 chercheurs issus des universités, écoles d’ingénieurs et organismes de recherche scientifique et technologique de Toulouse et de sa région, ainsi qu’une trentaine d’entreprises », précise Serge Gratton, directeur d’Aniti. « L’idée est de créer des outils pour évaluer la fiabilité des systèmes d’IA, en se concentrant sur leur robustesse, la gestion des biais (comme le genre ou l’origine géographique) et l’acceptabilité sociale de leurs décisions. L’objectif est de garantir que les IA ne sont pas manipulables et qu’elles produisent des résultats fiables », enchaine-t-il. 
Des études sont menées notamment dans deux secteurs : mobilité/transport et robotique/cobotique. « Dans le cadre de l’aviation, Aniti travaille sur des outils permettant d’augmenter la confiance dans les systèmes d’atterrissage visuel, en particulier pour les situations où le GPS n’est pas disponible », illustre Serge Gratton. En 2025, un projet important est prévu dans le domaine de la radiothérapie, avec l’Oncopole, en utilisant l’IA pour améliorer la qualité de la planification des sessions de traitement. 

Intégrer l’IA éthique dans les usages des entreprises du territoire 

Pour préparer les entreprises aux défis de demain, La Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée mobilise sa Cité de l’Économie et des Métiers de Demain pour lancer le programme “2025 : IA, On accélère !”, aux côtés de Leader Occitanie et de l’Université de Montpellier au travers des Halles de l’IA. Ce programme d’expérimentation inédit vise à accompagner 110 personnes, issues de 21 entreprises régionales sélectionnées, dans l’adoption proactive et responsable de l’intelligence artificielle (IA) dans leur quotidien, en plaçant l’humain au cœur des transformations technologiques.. Parmi les expérimentateurs : SDTech (micro-poudres fines, 30), Bambinos (garde d’enfants, 66), Makiba (fabricant de mobilier, 31), Anne de Joyeuse (viticulture, 11), Menuiseries Combes (12) …
Également, le programme « Occitanie is AI », porté par le Cluster Digital 113, accompagne les entreprises de la région dans l’intégration de l’IA. Ce dernier vise à « rendre l’IA accessible à toutes les entreprises, notamment les TPE et PME régionales, grâce à un parcours en huit étapes », déclare Amélie Leclercq, directrice générale de Digital 113. Le programme propose des formations spécifiques pour développer les compétences en IA, ainsi qu’un accès à des experts pour intégrer l’IA dans les processus métiers. En outre, « Occitanie is IA » aide à trouver des financements pour des projets d’innovation en IA et favorise les échanges entre entreprises régionales et acteurs du secteur.

Fire Eagle : une IA au service de la lutte contre les incendies 

L’IA pour détecter les feux de forêts. C’est l’essence du projet Fire Eagle, développé par Menaps (38 salariés, Toulouse), spécialiste de la transformation digitale qui aide les entreprises à intégrer l’IA pour optimiser ses processus métiers, aux côtés des sapeurs-pompiers de l’Aude (Sdis 11).
« Au début, l’IA devait repérer des signaux comme la chaleur, la fumée, ou les flammes, via des caméras optiques et thermiques embarquées sur des drones. Très vite, les pompiers nous ont demandé d’aller plus loin : détecter aussi les véhicules ou la présence humaine, car 95 % des feux ont une origine humaine », indique Hamdi Chaker, PDG de Menaps. L’entreprise toulousaine a également travaillé à fiabiliser l’alerte donnée par l’IA. « L’IA peut donner des faux positifs, c’est-à-dire lancer une alerte alors qu’il n’y a pas de début d’incendie. Et nous ne pouvons pas mobiliser les pompiers à chaque fausse alerte. Nous avons donc développé une nouvelle IA qui lève le doute : rapproche le drone, zoome, analyse la situation et ne déclenche l’alerte qu’en cas de certitude », se félicite Hamdi Chaker. Une solution qui engendre des frais liés aux boitiers, à l’IA, le coût des équipes… « Nous avons lancé une campagne de crowdfunding (financement participatif, note) pour maintenir le projet Fire Eagle dans l’Aude », indique Hamdi Chaker. La solution pourrait également être déployée auprès du Sdis de l’Hérault.

Par ailleurs, Menaps projette de réaliser une levée de fonds entre 750 k€ et 1 M€ pour accélérer son développement à l’international. « Nous avons de la demande dans plusieurs pays africains comme Angola, en Guinée, au Maroc, en Tunisie ou encore européen Portugal, Malte…, que ce soit sur la détection des feux de forêt, mais aussi pour utiliser notre IA pour des questions de sécurité et de sureté dans des sites stratégiques ou des sensibles tendues », glisse Hamdi Chaker.

Une entreprise montpelliéraine va détecter les menaces en zones de guerre 

Le consortium du projet européen Genius, destiné à révolutionner la détection et la neutralisation des menaces dans les zones de guerre modernes, a été lancé en janvier 2025. Sur les 18 entités internationales composant ce consortium se trouve une entreprise française : la deeptech montpelliéraine Numalis, spécialisée dans le domaine de l’explicabilité et la validation des IA. Coordonné par GMV Aerospace and Defence et soutenu par le Fonds européen de la défense, Genius utilise des capteurs avancés, des plateformes sans pilote et l’IA pour améliorer la détection des engins explosifs improvisés, des mines terrestres et des munitions non explosées. Numalis contribue au projet en apportant son expertise en validation de l’IA. 

Le géant indien Tata s’installe en Occitanie à Blagnac

Par ailleurs, l’Occitanie attire des géants de l’IA. En effet, l’entreprise Tata Consultancy Services (TCS, Mumbai) a ouvert en janvier un centre de services de 1.000 m² à Blagnac, près de l’aéroport de Toulouse. Ce centre, dédié à l’IA, au cloud et à la transformation numérique, soutiendra les entreprises locales dans leur évolution digitale. Avec l’objectif de doubler les effectifs au cours des prochaines années. « TCS y exploitera des solutions de pointe en intelligence artificielle (IA), en IA générative, en apprentissage automatique et en analyse de données afin d’accompagner ses clients dans les secteurs de l’aéronautique (tel que Airbus, note) et des industries connexes, telles que les industries manufacturières et la défense », explique le géant indien. Il s’agit du quatrième centre de services de TCS en France, après ceux de Lille, Poitiers et Paris-Suresnes. 

Outil d’aide à la recherche d’emploi 

Autre entreprise spécialisée dans l’IA, Flint (Montpellier et Paris), société de conseil et services numériques, lance l’outil ‘HRzilla AI JobCoach’, une extension Chrome gratuite pour aider les demandeurs d’emploi. Cet outil analyse les offres d’emploi sur des plateformes comme Indeed et Welcome to the Jungle, évalue la compatibilité avec le CV de l’utilisateur, propose des conseils pour l’améliorer et génère des questions d’entretien. « Dans un contexte où l’IA est perçue comme destructrice d’emploi, nous démontrons qu’elle peut être au service de l’humain », assure Pierre Vannier, CEO de Flint (40 salariés ; 4,2 M€ de chiffre d’affaires). 

60 millions d’euros engagés en Occitanie 

Afin d’accélérer sur l’IA, la Région a adopté en juillet 2024 un Plan Intelligence Artificielle de 60 millions d’euros sur la période 2024 – 2028. Avec notamment 22 millions d’euros qui vont permettre de structurer la filière IA, accompagner 100 projets R&D et doubler la création d’entreprises dans ce domaine ; et 10 millions d’euros alloués à l’intégration de l’IA dans des secteurs clés comme la santé, l’agriculture et l’eau.