Les portraits

Lucas Pinos : pragmatisme et croissance à la toulousaine

À seulement 31 ans, Lucas Pinos a consacré la moitié de sa vie à Novoma, PME des compléments alimentaires lancée sur un pari d’ado. Pragmatique et fidèle à ses racines dans une famille d’agriculteurs, il a construit un modèle économique discret, maîtrisé et basé sur la qualité, la transparence et la fabrication locale en Occitanie.

Lucas Pinos, a bâti Novoma sur un pari d’ado. L’entreprise est devenue une PME importante de la nutraceutique

Crédits : ©Novoma

Lucas Pinos, c’est d’abord une histoire qui démarre tôt : à 17 ans, encore lycéen à Toulouse, il se lance avec son associé Alexandre Garnier dans les compléments alimentaires, imaginant le projet Novoma sur un coin de table, avec 200 euros en poche et pas grand-chose d’autre qu’une curiosité de geek et un esprit très pragmatique. Ici, pas d’explosivité ni de folie des grandeurs : l’activité restée longtemps secondaire pour les deux amis a trouvé son rythme au fil des années en s’appuyant, dès le départ, sur la vente en ligne alors que le secteur semblait réservé aux grands laboratoires.

Un parcours prudent mais offensif

Lucas Pinos revendique un ancrage familial agricole et une approche pragmatique : il traduit ce modèle dans sa gestion, orientée vers la maîtrise du risque et la sobriété des moyens. Sans explosivité ou levée de fonds spectaculaire, la croissance se fait par paliers et avec un souci d’efficacité économique.

Avoir grandi dans une ferme du Gers, comme son ami et associé Alexandre Garnier (ils se sont rencontrés au lycée à Auch), a eu indéniablement un effet sur les deux fondateurs. « Toute notre enfance nous avons bénéficié d’une alimentation variée et gourmande. Or, nous constatons que la nourriture moderne est appauvrie en vitamines, minéraux et nutriments essentiels ; notre mode de vie accentue la perte de ces éléments, avec des conséquences sur l’immunité, la fatigue ou le sommeil. Nous avons donc voulu, explique Lucas Pinos, tout simplement proposer une gamme de compléments alimentaires transparente, accessible au plus grand nombre et conçue avec des ingrédients naturels, sourcés localement et fabriqués en France. »

C’est avec la vitamine C pure, sans additif, colorant ou sucre inutile qu’a démarré Novoma mais ce qui a fait décoller l’entreprise c’est le collagène, cette protéine produite naturellement par le corps humain mais dont la production se réduit avec l’âge. Dans le sillage de la tendance venue des États-Unis, Novoma a su, il y a quelques années, miser sur la demande de collagène reconnu pour ses bienfaits sur la peau, les articulations, les cheveux et les ongles. Le collagène marin constitue désormais un moteur significatif de la croissance et de la notoriété de Novoma. Il représente aujourd’hui autour de 10% du chiffre d’affaires. La PME vise désormais le podium des marques de la nutraceutique, notamment avec le déploiement dans plus de 1 000 pharmacies et un développement à l’international (Italie, Belgique, Suisse).

Des perspectives internationales

La PME a triplé de taille en cinq ans  : 500 000 produits vendus, 17 millions de chiffre d’affaires prévus en 2025, et une équipe d’une vingtaine de jeunes salariés. L’acquisition récente de Novoma par Kresk Développement devrait déboucher sur de nouveaux projets stratégiques et l’ouverture à de nouveaux marchés. Kresk, qui a su faire de SVR l’une des marques à la plus forte croissance en pharmacie apporte à l’entreprise toulousaine une expertise en distribution ainsi qu’une dimension internationale avec 13 filiales à l’étranger. « Même si nous n’étions pas initialement dans une démarche de cession, cette opération, explique Lucas Pinos, va nous permettre d’accélérer la croissance et d’aller vers une stratégie omnicanale, mêlant ventes en ligne, pharmacies et export. »

Une cohésion née de la confiance

À seulement 31 ans, Lucas a déjà consacré presque la moitié de sa vie à Novoma, animant une équipe où l’âge moyen ne dépasse pas 26 ans et privilégiant un mode de direction agile et proche des équipes. "J’ai appris lors d’un stage étudiant chez Dassault Systems le modèle de management que je ne voulais pas reproduire", confie-t-il, privilégiant une relation de confiance avec les collaborateurs et une communication ouverte. « Pour moi il est indispensable de limiter les lourdeurs hiérarchiques classiques et répondre aux attentes d’une génération qui cherche du confort de vie et du sens au travail. Fédérer les équipes autour d’une mission commune axée sur la santé et le bien-être durable et avant tout de prendre du plaisir au travail. »