
L’entreprise Missègle s’engage pour une industrie du textile responsable, durable et transparente.
Crédits : ©Missègle
Face à la mondialisation du textile et à la montée des plateformes low-cost, Missègle s’impose comme un contre-modèle. Basée dans le Tarn, cette PME fondée en 1983 s’engage pour une industrie du textile responsable, durable et transparente. Mais également pour l’économie circulaire et la réduction de l’impact environnemental du secteur. L’entreprise fondée par Myriam Joly est dirigée depuis 2024 par son fils Gaëtan Billant. La fondatrice de Missègle reste néanmoins très impliquée dans la vie de l’entreprise et joue un rôle clé dans la filière textile française en tant que présidente de l’Union des Industries Textiles (UIT).
Des vêtements et des chaussettes en fibres naturelles
Depuis son atelier installé à Burlats dans le sud du Tarn, l’entreprise fabrique des vêtements et chaussettes en fibres naturelles et revendique haut et fort son ancrage local.
« Notre ADN, c’est la production de proximité », rappelle sa fondatrice, qui a su bâtir un solide réseau de partenaires régionaux autour de la marque. Près de 80 % des ventes se font en direct, en BtoB avec les éleveurs, dans un modèle qui valorise la laine paysanne et les circuits courts. Missègle, c’est aussi une filière : une aventure collective qui a permis de maintenir dans le Tarn une part du savoir-faire lainier français menacé par la délocalisation.
Si tous les approvisionnements ne se font pas en France - mohair d’Afrique du Sud, laine de yack et de chameau de Mongolie -, Myriam Joly s’efforce de préserver au maximum les ateliers locaux. Une lutte patiente pour « ne pas laisser partir les savoir-faire », estime celle qui a repris ou relancé plusieurs ateliers régionaux depuis les années 2000, notamment un atelier de pulls en 2007.
Missègle affiche aujourd’hui une communauté fidèle et engagée : « une clientèle militante » comme la décrit Myriam Joly qui reconnaît la valeur de ses 7 000 références ou encore le partage de 20% des bénéfices avec ses 55 salariés. Soucieuse de maintenir les compétences du métier sur le territoire, Missègle a ouvert, pendant la pandémie, son école interne afin de former aux métiers de la confection et du ravaudage. Les plus anciens y forment les nouvelles générations, perpétuant un savoir manuel et technique.
L’impact plutôt que la croissance
En 2023, l’entreprise a créé un fonds de dotation, « M Demain », alimenté par 20 % des bénéfices de l’Atelier Missègle ainsi que par des dons extérieurs. « Il y a deux ans, raconte Myriam Joly, après la forte croissance du chiffre d’affaires liée au covid, mon fils et moi avons pris le temps de réfléchir à notre stratégie et au sens que nous voulions donner à cette croissance. Nous avons fait le choix de privilégier l’impact plutôt que la hausse du chiffre d’affaires à tout prix. C’est aussi après cette réflexion qu’est né le fonds de dotation. »
M Demain a l’objectif de favoriser l’économie circulaire, de sensibiliser sur les enjeux du climat et de l’environnement, d’encourager les filières durables et de soutenir l’innovation pour réduire l’impact du secteur textile. L’un des projets soutenus est le mouvement « En mode climat » qui compte 580 membres et se bat pour une législation contraignante et vertueuse.
Fronde anti-Shein
Myriam Joly ne cache pas sa vive inquiétude face à la baisse générale des prix portée par des plateformes comme Shein ou Temu. « Il y a une injustice terrible dans la fiscalité appliquée qui peut ruiner les efforts menés tout au long de ces années ». Pour cette raison, elle s’engage contre la concurrence déloyale de ces acteurs de l’ultra fast fashion et en tant que présidente de l’UIT milite pour une taxation des petits colis venant de l’étranger.
Missègle fait aussi partie des entreprises révoltées par l’implantation de Shein au cœur du BHV à Paris. En réaction, les chaussettes, bonnets, écharpes et autres mailles de Missègle sont vendus depuis le 1er novembre et jusqu’à la fin 2026 à L’Appartement Français - 42 rue de la Verrerie à Paris -, une nouvelle boutique dédiée au made in France. Missègle qui bénéficie aussi de lamarque « Fabriqué en Occitanie » ouvre également une boutique éphémère à Toulouse à partir du 24 novembre - à la Galerie Olpée, au 22 rue de la Bourse. La boutique a pour vocation de mettre en avant les marques locales durables, upcycling et les savoir-faire textile.
Coûte que coûte, Missègle s’adapte et multiplie les actions sans jamais perdre de vue l’essentiel conclut Myriam Joly en occitan : « volèm viure al país » (vivre et travailler au pays). Et reste fidèle à un slogan qui guide quarante ans d’engagement et d’innovation.

