Forte de son héritage occitan, Carole Garcia a créé le Laboratoire Graine de Pastel en 2003 et cultive le pastel de ses produits cosmétiques à Lectoure dans le Gers.
Crédits : ©Guillaume Olivier
Fondatrice et présidente du Laboratoire Graine de pastel, Carole Garcia s’attache à prouver qu’il est possible d’allier innovation et naturalité. Devenue agricultrice pour sécuriser sa production d’extraits végétaux de pastel, la cheffe d’entreprise est fière de contribuer à la R&D régionale et à la production en circuit court.
Carole Garcia, c’est l’histoire d’une femme qui a su transformer une passion d’enfance et la mémoire régionale en une entreprise pionnière, indépendante et innovante. Petite-fille d’un instituteur toulousain, Carole Garcia découvre dès l’enfance le pastel, cette plante médicinale utilisée depuis l’Antiquité pour soigner la peau et que son grand-père lui racontait comme un trésor oublié du « pays de Cocagne ». Ce lien intime avec la terre et la mémoire locale ne l’a jamais quittée.
Quand la mémoire familiale inspire l’innovation
Après un master en stratégie marketing à l’Université Paris-Dauphine, puis une première partie de carrière notamment chez Pierre Fabre, Carole Garcia se lance en 2003 dans l’aventure entrepreneuriale. Son ambition : redonner vie au pastel dont la culture avait été abandonnée, non comme simple clin d’œil historique, mais en révélant ses vertus dermatologiques à travers une gamme de soins naturels et bio, produits localement et en circuit court.
Dès 2007, Carole Garcia distribue les premiers produits de la marque au Japon, en Corée, et au Moyen-Orient. Aujourd’hui, 200 revendeurs distribue une gamme de 43 références dont ses produits best sellers comme la Crème mains protectrice ou le Sérum correcteur anti-tâches. La marque est très présente en Asie, véritable place forte de la cosmétique mondiale : on trouve les soins Graine de Pastel en Chine, à Taïwan, en Corée, au Japon. 20 % du chiffre d’affaires est réalisé à l’export.
En France, l’entreprise a trois boutiques à Paris, Albi et Toulouse. C’est dans la Ville rose, en avril 2025, que la marque a ouvert une boutique qui est aussi un espace de soins avec notamment des masques à LED pour stimuler la régénération des cellules du visage. Cette boutique fait office de pilote et représente un investissement de 300 000 euros. Elle incarne aussi la volonté de Carole Garcia d’allier innovation et naturalité.
Quatre brevets déposés et 60 hectares dans le Gers
Devenue en 2025 « société à mission »(qualité reconnue aux sociétés garantissant le respect d’engagements sociaux et environnementaux), le Laboratoire Graine de pastel entre dans une nouvelle phase de son développement. Même si dans l’entrepreneuriat, rien n’est jamais acquis, Carole Garcia savoure aujourd’hui les étapes franchies depuis 2003 : quatre brevets déposés dont le dernier sur l’action des polyphénols de pastel dans l’oxygénation des mitochondries, 100% de fournisseurs locaux basés en Occitanie, 60 hectares de culture bio dans le Gers.
La marque cultive en effet son propre pastel sur un domaine agricole à Lectoure, dans le Gers. Carole Garcia a aussi passé son baccalauréat pro agricole en 2023. « J’avais besoin, confie-t-elle de maîtriser chaque étape de la production mais aussi d’être reconnue comme légitime par les agriculteurs du Gers avec qui je travaille. » En parallèle, l’entreprise a eu besoin de sécuriser ses approvisionnements : un investissement de 500 000 euros lui a permis de structurer toute la filière agricole autour de la plante emblématique.
Agriculture régénératrice et cosmétique responsable
« Le fonctionnement en circuit court est aussi au cœur de notre modèle, précise Carole Garcia. Le pastel est cultivé à Lectoure, la recherche et le développement ainsi que l’extraction des différents actifs s’effectuent à Toulouse (protéine de pastel), à Montpellier (bioflavonoïdes et polyphénols) et à Paris (huile de pastel). La production est centralisée à Toulouse, tout comme le stockage des produits et le conditionnement, réalisé à l’AESI, un atelier d’insertion toulousain. »
Pour Carole Garcia, cette organisation soutient l’économie régionale et garantit une traçabilité optimale. Même souci de transparence sur la composition des soins : « aucune trace de sulfates, huiles minérales, parabènes, silicones, phénoxyéthanol ou pseudo-perturbateurs endocriniens », assure la cheffe d’entreprise.
Pour l’avenir, une croissance lente et solide
« L’histoire de l’entreprise me prouve que j’ai eu raison de viser l’excellence plutôt que la croissance à tout prix, conclut-elle, à la fin de notre rencontre. Dans l’industrie cosmétique, il y a beaucoup de jeunes marques qui sont sur-boostées par des capitaux mais qui disparaissent au bout de trois ans. De notre côté, nous sommes, dans la perspective d’une croissance lente et solide. Pour moi c’est une réussite et cela me rend heureuse. »
Visionnaire mais pragmatique, Carole refuse les promesses irréalistes de la beauté. Elle préfère parler d’authenticité, de simplicité et d’efficacité, convaincue que la cosmétique doit être un moment de bienveillance et de connexion à soi. Sa marque est ainsi le reflet de son parcours : une alliance de rigueur scientifique, de respect du patrimoine et d’engagement collectif. De transmission aussi. Quand elle était étudiante à Paris et connaissant son intérêt pour la plante, la mère de Carole Garcia qui était médecin lui avait envoyé le résumé d’une thèse écrite sur le pastel. Conclusion ? Ne jamais sous-estimer la puissance de la mémoire et des émotions dans la création d’une entreprise.
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