Plongeon dans le grand bleu  : l’économie de la mer et du littoral

L’océan vacille et le temps presse ; c’est un court résumé mais il a le mérite de poser le contexte dans lequel se déroulera la 3ème Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC3) du 9 au 13 juin 2025. Après New York en 2017 et Lisbonne en 2022, la France et le Costa Rica co-organisent ce rendez-vous qui aura lieu à Nice. Il a pour objectif de protéger l’Océan menacé par de nombreuses pressions du changement climatique, des pollutions et de la surexploitation des ressources marines. Au cœur d’un programme très dense (lire l’encadré), il sera question des actions en cours pour concilier développement économique et préservation de ses écosystèmes. Une délégation du bureau du Parlement de la Mer d’Occitanie sera présente le 10 juin à Nice pour la journée de la Méditerranée.

Un tissu économique dense

Avec ses 220 kilomètres de côtes et ses vastes lagunes, l’Occitanie s’impose comme un laboratoire grandeur nature de l’économie littorale et maritime. Ici, la mer ne se limite pas à la carte postale estivale : elle irrigue un tissu économique dense, où se côtoient chantiers nautiques, mas conchylicoles, ports de plaisance, ports de commerce intermodaux et de pêche, laboratoires de recherche et startups innovantes. Près de 45 000 emplois et 31 000 établissements gravitent autour du littoral dans les grands domaines de l’économie bleue, entre pêche traditionnelle, nautisme, transport et activités portuaires, tourisme littoral, valorisation des ressources maritimes, biotechnologies marines, gestion des déchets ou encore énergies renouvelables.

Toutes ces expertises, nouvelles entreprises et ces métiers sont soutenus par la Région Occitanie et rassemblés par Ad’Occ, l’Agence régionale de Développement économique Occitanie qui peut les accompagner dans le montage de projet ou la mise en réseau, leur apporter des services spécialisés et leur donner, en complément, une visibilité nationale et internationale. Ces expertises sont également représentées au sein du Pôle Mer Méditerranée. Comme l’explique Isabelle Bardin, sa déléguée régionale Occitanie, "le pôle, qui a 20 ans cette année, structure sa stratégie autour de six Domaines d’Actions Stratégiques (DAS) : naval et nautisme, ressources énergétiques et minérales marine, ressources biologiques marines, littoral et environnement marin, port, infrastructures et logistique. Un dernier DAS concerne la défense, la sécurité et la sécurité maritime avec une actualité particulière sur les questions de cybersécurité et de dronisation."

Les Journées Mer & Défense, organisées par le pôle auront d’ailleurs lieu à Toulon le 12 juin prochain sur le thème de la dronisation de l’espace maritime.

 

Cap sur l’éolien flottant

La Région Occitanie qui a l’objectif de devenir la première région d’Europe à énergie
Positive est en pointe sur l’éolien flottant qui devrait constituer à terme 25 % du futur mix énergétique renouvelable. Dans le cadre du Plan littoral 21 engagé par la Région et avec l’appui du Parlement de la mer, l’ambition est de faire émerger une filière industrielle souveraine et d’alimenter 1 million de personnes de la région Occitanie avec de l’électricité issue des vents réguliers et forts de la Méditerranée.
Deux des trois fermes pilotes éoliennes flottantes de méditerranée retenues par l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) se trouvent en Occitanie. Elles seront installées au large des côtes de Gruissan et de Port Leucate - Le Barcarès. Les deux fermes pilotes - le projet EOLMED à Gruissan et le projet EFGL à Leucate - Le Barcarès – seront implantées à une profondeur de 55 mètres.

De son côté, Port-la-Nouvelle - port dont la Région Occitanie est propriétaire – se prépare à accueillir la chaîne logistique de construction des flotteurs, d’assemblage et d’installation des éoliennes. L’inauguration du quai lourd du port de Port-La Nouvelle aura lieu le 2 juin prochain, date à laquelle se tiendra également une journée filière organisée par Wind’Occ, la démarche collective portée par la Région Occitanie, l’agence de développement économique Ad’Occ, le cluster Cemater et le Pôle Mer Méditerranée. Wind’Occ accompagne tous les acteurs de l’éolien en mer afin de structurer cette nouvelle filière économique. À noter que les 23 et 24 mars 2026, Montpellier accueillera le prochain Forum international FOWT de l’éolien flottant qui réunit les principaux acteurs du secteur.

 

L’importance des filières halieutiques

La pêche et la conchyliculture, deux filières traditionnelles du littoral de l’Occitanie, sont en pleine transformation, en lien avec la signature de 2 contrats de filière. Pour garantir leur pérennité, et les aider dans leur nécessaire mutation, la Région travaille à tisser des liens entre ces deux secteurs et l’écosystème de l’innovation, et faire d’elles des filières d’avenir vers lesquelles les jeunes ont envie de s’orienter.
Le projet Seavolution porté par la société Seaducer (bureau à l’Ifremer de Sète) vise à accompagner la profession conchylicole régionale pour tester des pratiques d’élevage qui permettraient de réduire les mortalités liées aux pathogènes.
L’innovation concerne également l’exploitation des ressources moins conventionnelles : Seaneo étudie et valorise les organismes gélatineux avec le projet Medus’oc, tandis que NXO Engineering explore la valorisation des déchets coquilliers pour l’agriculture et l’énergie via le projet Strulitt’ (nouvel engrais issu de la mer). Le Groupe Barba, quant à lui, avec le projet Holoprod, se positionne sur une nouvelle filière basée sur l’aquaculture des concombres de mer (holothuries) aux multiples applications potentielles.

Enfin, au-delà de l’accompagnement des filières traditionnelles dans leur diversification, la biotech bleue constitue l’un des axes majeurs de développement économique de demain du littoral d’Occitanie. Plusieurs entreprises innovantes se distinguent dans ce secteur, à l’image de Greensea qui développe le projet Poly’Thau pour produire des polysaccharides à partir de microalgues, répondant à la demande croissante d’ingrédients naturels.

 

La transition environnementale par l’innovation

Le nautisme, pilier historique de l’économie littorale – avec 1 200 entreprises et près de 2 000 emplois – s’engage aussi dans la transition environnementale. La 7ème édition « Avenir Littoral », l’accélérateur d’innovation du Plan Littoral 21 sera lancée le 26 mai 2025 par la Région Occitanie et l’Etat, avec le soutien de l’Agence Ad’Occ et du Pôle Mer Méditerranée. Doté d’un fonds de 400 000 euros, il aura pour ambition d’accompagner les transformations du nautisme identifiées dans le contrat de filière Industrie et Services Nautiques signé en 2024.
Dans ce domaine, la région peut s’appuyer sur des acteurs de poids dans le segment des catamarans de grand voyage : Outremer et Gunboat à La Grande-Motte, Catana et Windelo à Canet-en-Roussillon.
D’autres entreprises complètent l’écosystème, comme le Consortium E-Nav Systems- Enki qui développe des bateaux de loisirs électriques via le projet E_Pulse, ou New Times-filiale THOM qui travaille sur la motorisation à hydrogène (projet Thom Marine). Plusieurs équipementiers développent par ailleurs des technologies clés pour le nautisme : Delta Voiles et K-Ren innovent dans les voiles et matériaux avec notamment une housse antifouling pour la protection des coques de bateaux. De leur côté, Nauticspot et Synox proposent des solutions pour la connectivité des infrastructures et aménagements portuaires.
Des passerelles sont également possibles entre les acteurs de l’aéronautique ou de l’automobile (Cirtem, Ascendance Flight, Schaeffer…) et ceux du nautisme comme l’a illustré la journée du 10 mars dernier organisée par l’Agence Ad’Occ, en collaboration avec le Pôle Mer Méditerranée, Totem, Aerospace Vallée et la Région, qui a réuni plus de 70 acteurs et a permis près de 60 rdv BtoB.

 

L’économie bleue s’appuie sur une recherche de pointe

L’Occitanie s’appuie sur un écosystème de recherche maritime particulièrement dense et structuré, qui irrigue l’ensemble de son économie bleue. La région accueille des opérateurs de référence en océanographie opérationnelle, comme Météo France, Mercator, le Service hydrographique et océanographique de la Marine (Shom) ou encore Collection Localisation Satellites (CLS).
Elle compte aussi 29 unités de recherche de premier plan, rassemblant 900 emplois dans les laboratoires publics, dont plus de 500 chercheurs et doctorants.

Des organismes majeurs couvrent des domaines allant de la biodiversité à l’aquaculture en passant par l’océanographie et notamment : l’Ifremer, l’Université de Montpellier, l’Université de Perpignan, le Cnrs à travers des unités mixtes comme Marbec (biodiversité marine), Isem (biologie évolutive), Criobe (récifs coraliens) ou l’Observatoire Océanologique de Banyuls-sur-Mer. À noter également l’activité des laboratoires identifiés sur des compétences matériaux, capteurs et propulsion ou encore mécanique : le Centre Régional d’Innovation et de Transfert de Technologie (Critt) Mécanique et Composites de Toulouse, le Centre des Matériaux des Mines d’Alès, l’Institut National Polytechnique (INP) de Toulouse, l’Institut Électronique et des Systèmes (IES) de Montpellier.

Cette concentration de compétences permet à la région d’être à la pointe de la recherche marine, favorisant les transferts d’innovation vers les filières économiques du littoral, filières attractives et qui recrutent.

Bon à savoir

Les projets Seavolution, Medus’oc, Strulitt’ et Poly’Thau sont des projets financés par l’Appel à Projets « Avenir Littoral » du Plan Littoral 21, co-financé par l’État et la Région Occitanie.